Nous en sommes à la 10e édition des Games Awards. Animé par Geoff Keighley en pleine nuit du 8 décembre 2023. L’heure est donc au bilan à froid sur cette cérémonie censée récompenser les jeux vidéos ayant marqué l’année, et les nombreuses annonces que j’ai retenues.

Et contrairement aux années précédentes, il n’y aura pas de récapitulatif complet avec les nominés et les lauréats. Pour une fois, j’ai envie de changer un peu la forme car il y a beaucoup de choses dont je souhaite parler. Et pas forcement en bien.

Lauréats

C’était à prévoir pour Baldur’s Gate 3 au vu des critiques dithyrambiques à son sujet de la part de la presse vidéoludique, et surtout des joueurs (96/100 sur Metacritic à l’heure actuelle). Le dernier-né de Larian Studios a gagné 5 prix en comptant celui du jeu de l’année. Face à Alan Wake 2 qui en a raflé 3. Chez Nintendo avec The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom et Super Mario Bros Wonder qui en ont eu un chacun. Ainsi que Resident Evil 4 Remake n’ayant rien eu. Et la grosse douche froide pour Marvel’s Spider-Man 2 qui repart bredouille malgré ses 7 nominations.

D’ailleurs, très content pour Neil Newbon. Ayant remporté le prix de la meilleure performance pour son interprétation de l’ô combien populaire Astarion dans BG3. Et qui a tenu un discours assez émouvant.

WE WON A GAME AWARD! pic.twitter.com/7k29acAUhJ

— Tchia (Awaceb) 🌴🦜🌸 (@awaceb) December 8, 2023

Et très heureux également pour les Bordelais de chez Awaceb qui avec Tchia, on gagné l’award du jeu le plus impactant. L’explosion de joie du studio suite à cette annonce, fait déjà partie de mes vidéos préférés de 2023.

Pour les lauréats restants, je ne m’attendais pas à voir Pikmin 4 en remporter un dans la catégorie des meilleurs jeux de simulation/stratégie face à Advance Wars 1+2: Re-boot Camp, Cities Skylines 2, Company of Heroes 3,et Fire Emblem Engage. Mais tant mieux pour cette licence même si je n’y ai encore jamais joué. En revanche, ça n’engage que moi mais j’aurais souhaité que le film Super Mario Bros soit récompensé en tant que meilleure adaptation au lieu de The Last of Us (deux adaptations dont j’ai déjà parlé ici et là). Ne serait-ce que par l’originalité du film de Nintendo. Tandis que la série du jeu de Naughty Dogs ne se contente que de reprendre la trame du premier opus.

Contrairement à il y a 6 ans, 2023 n’aura pas été l’année de la saga Zelda. Qui, avec Tears of the Kingdom, n’a eu que le prix du meilleur jeu d’aventure. Même si très franchement, il ne méritait pas le titre de GOTY à mon sens. Là où Breath of the Wild avait redéfini les codes de la série et des jeux d’aventure en monde ouvert, TotK aussi bon soit-il, est beaucoup trop semblable à son prédécesseur pour s’accaparer le titre.

Tout ça pour dire que j’ai trouvé les awards relativement mérités cette année. Même si on attend toujours la catégorie de la meilleure nouvelle IP. Du meilleur Remake/Remaster. Et surtout récompenser davantage les personnes plutôt que les produits. Par exemple pour Final Fantasy XVI qui a eu le prix de la meilleure bande-son, ça aurait été bien de mettre en avant son compositeur Masayoshi Soken.

Annonces

En termes d’annonces et de trailers, on a bien mangé durant ces Games Awards. Y en avait pour tous les gouts, et avec même des licences que je n’espérais pas revoir.

Parmi elles, World of Goo 2. Suite de l’un des tout premiers jeux indépendants que j’ai achetés sur Wii il y a 15 ans, et dont je peux déjà dire qu’il sera très bien classé dans mon futur top des jeux les plus attendus de 2024.

Quant à Prince of Persia : The Lost Crown qui sortira le 15 janvier prochain, il en fera certainement partie lui aussi. D’autant plus que j’ai eu l’occasion d’y jouer à la Gamescom 2023.

À ma connaissance, Harmonium The Musical est le tout premier jeu vidéo qui nous fera incarner un personnage atteint de surdité, et communicant par le langage des signes. C’est si rare, et je suis content que ce genre de jeu existe. Ne serait-ce que pour faire avancer l’accessibilité dans ce média.

Autre indé qui m’a fait de l’œil (et dont je retiens surtout le discours très touchant d’Abubakar Salim), Tales of Kenzera : ZAU qui nous vient du label EA Originals. Un savant mélange entre le Prince of Persia dont j’ai déjà parlé, et les Ori au niveau du gameplay. Ça promet.

On imaginait une histoire centrée sur Atreus (ceux qui ont fini God of War Ragnarök savent pourquoi). Au final, on aura droit le 12 décembre à un DLC Kratos gratos spécialement dédié au combat avec un mode rogue-like où il faudra survivre aux multiples assauts ennemis.

Cela fait 4 ans depuis sa première annonce aux Games Awards 2019. Et il faudra visiblement encore prendre notre mal en patience pour ce Hellblade II annoncé pour un vague 2024. Ça commence à faire long, même si le trailer dépote.

D’ailleurs, la performance de la chanteuse Heilung et de l’orchestre pour introduire le trailer, m’a foutu quelques frissons.

On sait enfin à quoi ressemble la future production des développeurs derrière les Ori. Et il s’agit de No Rest for the Wicked qui se place dans un univers heroic-fantasy. Et même si on reconnait la patte artistique de Moon Studios, c’est nettement moins féerique et onirique que ce qu’ils nous avaient habitué jusqu’alors. Aucune date de sortie annoncée.

SEGA a décidé de titiller la fibre nostalgique en annonçant 5 remakes de ses licences cultes. Jet Set Radio, Shinobi, Golden Axe, Streets of Rage et Crazy Taxi (avec du Offspring à la bande-son sinon rien). Je suis très très curieux d’en savoir plus.

Un jeu de survie au sein de l’univers d’un de mes films préférés de tous les temps ? Je prends. Reste à savoir jusqu’à quand il faudra attendre la sortie de ce Jurrasic Park: Survival.

Après les excellents Dishonored et Deathloop, la branche lyonnaise du studio Arkane nous prépare un jeu sur Blade. Au sein de Paris, et avec une vue à la 3e personne pour changer. Pas de date mais très intrigué par le projet.

Surement le trailer le plus « badass » de ces Games Awards. John Wick lui-même en serait fier de cette héroïne qui casse des bouches au sein d’un Tokyo futuriste. Y a plus qu’à voir à quoi ressemblera réellement ce Last Sentinel, et quand il sortira.

Ça, c’était pour les annonces m’ayant le plus interpellé. Même si je garde un œil sur des titres comme le remake de Brothers: A Tale of Two Sons, Windblown, Exodus, Dragon Ball: Sparking ZERO, Banishers: Ghosts of New Eden, Light No Fire, Monster Hunter Wilds, et Final Fantasy VII Rebirth. L’année 2024 s’annonce très intéressante.

« Please Wrap It Up !«  (coup de gueule)

Pour une cérémonie nommée « Games Awards« , je trouve qu’elle ne prend que très peu de temps pour réellement récompenser les acteurs de cette industrie. Et ce fut particulièrement flagrant cette année. J’ai été choqué par le créneau limité à 30 secondes pour le speech des gagnants. Et au bout duquel une musique de fond se lançait comme pour dire qu’il est temps de quitter la scène. Un profond manque de respect.

And the 2023 Game Award for speedrunning game awards goes to…this man right here! pic.twitter.com/CpU5vfiLdA

— AmericanTruckSongs9 (@ethangach) December 8, 2023

Autre exemple qui illustre bien le problème, les moments où Geoff enchaine les awards à une vitesse grand V. Avec pas moins de 5 récompenses consécutives en 1 min 30 (pour une cérémonie qui dure 3h30 on le rappelle). Il est assez drôle de relever qu’avec un débit pareil, sans les séquences de blabla inutiles avec les invités, les trailers, et les pubs à foison, le show durerait 10 min à tout casser.

Alors que du côté des « copains » de Geoff ou autres « stars » du grand écran, ils avaient tout leur temps pour monopoliser la scène souvent pour ne rien dire, ou ne rien montrer. À l’image de Hideo Kojima qui nous a fait du « Kojima » en parlant pendant 6 minutes de son futur jeu OD avec l’appui un poil forcé du réalisateur Jordan Peele. Et dont on ne comprend pas grand-chose.

Anthony Mackie at #TheGameAwards pic.twitter.com/sMHs9pswAG

— IGN (@IGN) December 8, 2023

S’il devait avoir un lauréat du moment le plus gênant de ces Games Awards, il serait sans doute décerné à Anthony Mackie qui s’est cru chez lui. J’ai rien contre cet acteur de base, mais c’était ni l’endroit, ni le moment pour faire autant le pitre.

Christopher Judge roasts Call of Duty at #TheGameAwards pic.twitter.com/4GfGpPsMlS

— IGN (@IGN) December 8, 2023

J’imagine que ces stupides mesures ont été prises suite au discours interminable de Christopher Judge l’année passée. 7 min et 59 secondes qui font de lui le détenteur du record du plus long discours durant une cérémonie. Ce même Christopher qui était de retour pour décerner des awards à son tour, et n’ayant pas manqué de tourner en dérision sa fameuse intervention. En allant même jusqu’à balancer une grosse cartouche à Activision Blizzard en disant que « son discours était plus long que la campagne du dernier Call of Duty« . J’avoue qu’elle était bien placée.

Beyond its nominations, I can confirm that Activision|Blizzard will not be a part of this year’s #TheGameAwards

— Geoff Keighley (@geoffkeighley) December 4, 2021

Mais quand on connait l’état actuel de l’industrie du jeu vidéo avec ses vagues de licenciements de masse, et la situation économique et géopolitique mondiale, ces Games Awards ont un goût particulièrement amer. Qu’on soit clair, Geoff n’en est aucunement responsable. Mais au vu de sa visibilité et de son poids dans le milieu, il aurait pu au moins toucher quelques mots en soutien envers ceux qui ont tout perdu. Et c’est pas comme s’il ne l’avait pas déjà fait avec sa prise de position en 2021. En annonçant la non-participation d’Activision/Blizzard suite aux affaires de harcèlement ayant secoué l’industrie.

Conclusion

Autant le show fut rythmé avec beaucoup d’annonces intéressantes, et des récompenses plutôt méritées. Autant il est grand temps que cette cérémonie évolue et fasse honneur à son nom en mettant réellement en avant les acteurs de cette industrie. Il n’y a pas à mépriser les développeurs de la sorte  au sein d’un Game Awards qui est censé les célébrer. Surtout quand les stars et la pub prennent bien plus de place qu’eux.

Une profonde remise en question sera nécessaire de la part de l’organisation, et surtout de la part de Geoff. À moins que ce dernier veuille ternir pour de bon une réputation déjà bien sulfureuse.