24ème film d’une des plus grandes franchises de l’histoire du cinéma ayant récemment fêté ses 50 ans. Voici ma critique de Spectre, 4ème James Bond avec Daniel Craig dans le rôle titre.
Réalisateur : Sam Mendes
Scénaristes : John Logan, Neal Purvis, Robert Wade
Compositeur : Thomas Newman
Casting : Daniel Craig (Bond), Léa Seydoux (Madeleine), Ralph Fiennes (M), Christoph Waltz (Franz), Monica Bellucci (Lucia), Ben Whishaw (Q), Naomie Harris (Moneypenny), Dave Bautista (Hinx), Andrew Scott (C)
Genre : Action, Espionnage
Sortie : 11 Novembre 2015 (2h30min)
A l’heure actuelle, les seuls acteurs dont j’ai vu tous leurs James Bond respectifs sont Pierce Bronsman et Daniel Craig. J’ai une affection toute particulière pour le 1er cité, surement parce que j’ai grandi avec les films où il a joué, de Goldeneye (1995) à Meurs un autre jour (2002). Et sans compter les excellents souvenirs que j’ai gardé des jeux vidéos à son effigie (Nightfire & Quitte ou Double sur Game Cube) mais ça, c’est un autre sujet.
Autant vous dire que le changement de cap amorcé par le très bon Casino Royale (2006) faisant table rase des gadgets kitsch (que j’aimais bien) des anciens, m’a pas mal dérouté à l’époque. Mais avec du recul, j’ai apprécié le coté plus « humain » de Bond, la tournure plus sombre qu’a pris la saga et surtout la prestation impeccable de Craig au fil des épisodes. Exception faite de Quantum Of Solace (2008) que j’ai pas apprécié, contrairement à Skyfall (2012) que j’ai adoré. D’ailleurs allons voir ce que vaut sa suite directe, qu’est Spectre.
Critique
Suite aux événements tragiques survenus à la fin de Skyfall, Le MI6 est en proie à une restructuration majeure qui pourrait mettre en cause l’existence du programme Double Zéro et la place de M, Q et Moneypenny. L’instigateur n’est autre que Max Benbigh alias C, le nouveau directeur du Centre pour la Sécurité Nationale.
Pendant ce temps, Bond reçoit un message cryptique sorti tout droit du passé qui le pousse à enquêter sur une organisation ultra secrète nommée Spectre. Il devra pour ça approcher Madeleine, la fille de son vieil ennemi Mr White, afin de percer le secret de ce groupe et éclaircir le lien qui lie le leader et l’agent double.
Esthétique
Les James Bond sont réputés pour leur réalisation de haute volée et le travail visuel effectué derrière. Et ce n’est pas Spectre qui dérogera à la règle en mettant la barre très haut. Notamment avec la scène d’intro à Mexico et son plan-séquence qui même si il apporte peu au scénario, demeure un des meilleurs moments du film. Les affrontements sont toujours aussi bien chorégraphiés avec une mention spéciale pour le fight entre Bond et Xinx d’une rare violence dans un film de la saga.
Concernant les effets visuels, c’est du tout bon aussi. La scène de la réunion des Illumina..membres du Spectre, brille littéralement par son jeu de lumières très bien rendu. Et pour finir avec ce point, voici une anecdote.
Vous êtes peut être au courant que ce film est entré cette année dans le Guinness Book (Livre des records) en détenant le record de la plus grosse explosion jamais filmée au Cinéma. S’étant déroulé à Erfoud au Maroc le 29 Juin 2015 pour les besoins d’une scène clé du film, 68,47 tonnes de TNT, 8418 litres de kérosène et 33kg de poudre explosive auront été nécessaires pour provoquer ce spectacle pyrotechnique d’une durée de 7.5s. Le précieux sésame à été attribué à Chris Corbould, le responsable des effets spéciaux du film.
Quand on a un budget (lui aussi record) estimé à plus de 300 millions de $, j’imagine que c’est le genre de folies que l’on peut se permettre…
Moi même étant tellement habitué aux effets spéciaux foutus un peu partout, l’idée que cette explosion soit réelle ne m’avait même pas traversé l’esprit en salle. Comme quoi rien ne vaut les bonnes vielles méthodes artisanales pour faire des scènes marquantes.
Scénario
Alors que Skyfall amorçait lentement mais surement la « rupture » avec l’ancien MI6 autrefois représenté par l’actrice Judi Dench (M), Spectre y met un point final, fortement appuyé par une des dernières scènes du film. Cette volonté de faire table rase du passé des services secrets britanniques d’antan est le seul aspect du scénario que j’ai vraiment apprécié. Parce que pour le reste, c’est pas top…
Premièrement, gros problème de rythme. Entre les scènes d’action qui n’apportent rien au scénario (coucou la course poursuite à Rome), et les longueurs avec des séquences interminables où il ne se passe rien. Y a eu des moments où j’ai failli m’endormir dans la salle.
Ensuite, l’écriture qui aurait pu être mieux travaillé. À titre d’exemple, la façon dont Bond abat un hélicoptère à la fin du film, on se croirait dans un jeu vidéo sans déconner…Une fin facile, un peu à l’image du film tout entier. Bond se sort de situations complètement improbables par pure chance. À aucun moment on ne s’inquiète sur son sort tellement le suspens est mal géré.
Et enfin l’origine du Spectre, qui me force dévoiler quelques éléments de l’intrigue. Donc si vous souhaitez vous préserver, descendez directement au paragraphe suivant sur le Casting.
SPOIL ON
Pour faire simple, le Spectre est le dénominateur commun de tous les ennemis que Bond a rencontré depuis Casino Royale. Autrement dit, Le Chiffre, Dominic Greene et Raoul Silva entre autres ont tous été manipulés dans l’ombre par Franz. L’idée de lier les 3 précédents films n’est pas mauvaise sur le papier, mais la façon dont celui-ci l’amène est maladroite. Parce que rien n’indique dans les films cités, une quelconque allusion à une instance supérieure à l’image du Spectre. Ça a clairement été ajouté au dernier moment et ça se ressent.
Et pendant qu’on parle de Franz, quelle est la raison qui l’a poussé à monter cette organisation ? La réponse tient en un mot, Bond. Selon ses propres dires, c’est lui qui serait à l’origine de toutes les souffrances que ce dernier a du endurer. Cela comprend la perte de ses proches dans les anciens volets.
Mais pourquoi en veut il autant à 007 en particulier me direz vous ? Il faut remonter dans le passé pour y répondre. À une époque où le jeune Bond tout juste orphelin fut pris en charge par le père de Franz. Ce que ce dernier n’a pas apprécié car se sentant délaissé, le poussant à préparer sa vengeance sur tant d’années. Oui vous m’avez bien lu, c’est de la pure jalousie… Voila comment ruiner en un script, tout le background d’un personnage qui s’annonçait pourtant prometteur. Mais je reparlerai de lui dans la section suivante.
SPOIL OFF
Distribution
Alors là y a beaucoup à dire, et pas en bien. Un casting joli sur le papier mais pas si flamboyant que ca dans la pratique. Je pense notamment au traitement réservé d’abord à Monica Belluci, toujours aussi charmante malgré ses 50 balais. Détail qui fait d’elle la plus âgée des « James Bond Girls« . Mais dans ce film, Lucia ne sert à rien si ce n’est que de servir de énième conquête pour l’agent double. Et au vu de ce qui est arrivé au personnage dans le film, c’était pas vraiment le moment de se faire séduire…
Ma 2ème déception va pour Christoph Waltz qui incarne le personnage de Franz. Impitoyable dans Inglorious Basterds (2009) et très bon dans Django Unchained (2012), j’en attendais beaucoup pour un acteur de cette trempe pour jouer le rôle du grand méchant dans un James Bond. Mais je l’ai peut-être surestimé sur ce coup. Pourtant ca partait bien avec la très bonne entrée en matière du personnage lors de la réunion du Spectre. Mais ses motivations « surprenantes » (déjà expliquées plus haut) et le peu de menace qu’il représente (la scène avec la perceuse) au final l’ont décrédibilisé.
Dernière déception, Dave Bautista qui incarne Xinx, l’homme de main de Franz. Un méchant qui a une carrure rarement vue dans un Bond (pas surprenant venant d’un ancien catcheur champion de la WWE et des poids lourds). Le dernier acteur auquel on pourrait le comparer sur cet aspect là est feu Richard Kiel qui incarnait l’illustre Requin, méchant iconique de la saga dans L’espion qui m’aimait (1977) et Moonraker (1979) sous l’ère de Roger Moore.
Mais presque 40 ans plus tard, la donne à quelque peu changé. Et malgré l’excellence de son affrontement à main nues contre Bond, le tout est gâché par une fin et une réplique de merde (littéralement) toutes deux ridicules. Ah oui, et ce personnage à 2 lignes de texte dans TOUT le film, et je n’exagère même pas. Une coquille vide en somme.
Mais sinon du coté des autres acteurs, ça va encore. Daniel Craig reste fidèle à lui même et porte toujours aussi bien son Smoking qu’à ses débuts. Que ce soit physiquement et mentalement, il a toujours la pêche malgré sa quasi cinquantaine. Son humour British fait toujours mouche et il a même réussi à me faire rire par moments (notamment avec une certaine souris). Aussi, on apprend encore un peu plus sur son passé même si ce n’est pas du niveau de Skyfall.
Quant à la « vraie » James Bond Girl qu’est la Française Léa Seydoux, elle s’en sort plutôt bien aussi en tant que Madeleine. Son élégance et son caractère bien trempé crèvent l’écran pour le plus grand bonheur (ou pas) de 007. Elle succède ainsi aux autres françaises (entre autres) ayant déjà endossé ce rôle comme Sophie Marceau (Elektra King) dans Le monde ne suffit pas (1999) ou plus récemment Eva Green (Vesper) dans Casino Royale.
Et enfin pour le reste, ca va encore. Les alliés de Bond que sont M, Moneypenny et Q sont beaucoup plus mis en avant que dans Skyfall qui les avait vus apparaitre pour la première fois. Certains d’entre eux se retrouveront même dans des situations bien délicates.
Bande Son
Composée par Thomas Newman, signant par l’occasion sa 5ème collaboration avec le réalisateur Sam Mendes (la précédente étant Skyfall), elle reste assez semblable au film précédent au niveau des sonorités. Mais ca reste une OST de bonne facture qui se marie très bien avec l’action du film.
La musique d’intro quand à elle est chantée par Sam Smith avec le titre Writing’s on the wall. Succédant à Adele et son Skyfall, qui reste encore aujourd’hui une de mes musiques d’intro favorites tous Bonds confondus. D’ailleurs le single de Smith se paye le luxe d’être le premier thème principal de la saga à se hisser directement à la 1ere place des charts au Royaume Uni.
Conclusion
Si je devais faire mon propre classement des meilleurs Bond sous l’ère de Craig, en 1ère position je mettrais Skyfall suivi de très près par Casino Royale, puis vient Spectre en 3ème et enfin Quantum Of Solace au pied du podium. Pourquoi avant dernier ? Parce que c’est un film que j’aurais beaucoup de mal à revoir et apprécier à cause de ses défauts évidents. Et le traitement infligé à certains personnages est regrettable, surtout pour Franz. Néanmoins, Bond lui même est toujours au top et forme un très bon duo avec Madeleine. C’est déjà ça.
C’est un film qui s’est plus concentré sur la forme que le fond j’ai l’impression. Un casting globalement joli à l’extérieur mais pas complètement mûr à l’intérieur. Un scénario peu fouillé mais une excellente mise en scène. Ca oscille à chaque fois entre le bon et le mauvais sans jamais trouver le juste équilibre.
Pour conclure, c’est un film dans la lignée des précédents opus mais en déca en termes de qualité et prise de risques. Si vous aimez le genre vous passerez peut être un bon moment. Dans le cas contraire passez votre chemin.
Merci de m’avoir lu