Depuis 2009, le salon DoKomi qui prend place à Düsseldorf en Allemagne s’est imposé parmi les salons majeurs des mangas, jeux vidéos, cosplays, et pop culture en Europe. Voici mon récit de ma première visite en ces lieux durant la période du 30 juin au 2 juillet 2023.

Düsseldorf et le Japon ⛩

Le fait que DoKomi ait lieu à Düsseldorf n’est pas un hasard. Puisque cette ville allemande de plus de 600 000 habitants abrite l’une des plus grandes communautés nippones d’Europe avec près de 8400 Japonais recensés en 2022. La plaçant derrière Londres et Paris qui en comptent respectivement 17 000 (en 2020), et 16 000 (en 2013).

Une particularité démographique qui remonte aux années 50. Époque où une poignée de businessmen japonais décidèrent de s’installer à Düsseldorf pour y faire des affaires. Depuis, de nombreuses entreprises japonaises y ont germé, et la population nippone n’a cessé de croître. Pour les curieux, je vous invite à jeter un œil à la page Wikipédia (en anglais) qui explique toute l’histoire de la communauté japonaise de Düsseldorf.

Une culture qui se ressent dans certains coins de la ville. L’un d’eux est le quartier qu’on appelle Little Tokyo sur la rue Immermann. Connue pour ses panneaux avec des noms de rues écrits en kanji japonais. On y trouve de multiples commerces, restaurants, et bars thématiques. J’y ai moi-même passé quelque temps en dehors de la convention. Pour les Parisiens, c’est l’équivalent allemand de la Rue Sainte-Anne. Mais en plus large.

Autre coin « Japon » emblématique de Düsseldorf, et intrinsèquement lié à DoKomi, le jardin japonais situé au cœur du parc Nordpark de la ville (dont je reparlerais plus bas). Un jardin érigé en 1975 et qui s’étend sur 5000 m². Rappelant le pays du soleil levant à chaque instant par sa végétation, sa disposition, et ses gros poissons-Koï originaires de ces contrées.

Un jardin qui fait écho à celui de Toulouse l’une des villes jumelées à Düsseldorf. J’ai eu l’occasion de le visiter en 2022 le même week-end que le salon Toulouse Game Show. D’ailleurs, ses initiales « TGS » ne sont pas sans rappeler celles du salon nippon de jeux vidéos qu’est le Tokyo Game Show.

Et pour finir sur la culture japonaise, le nom du salon DoKomi est un abrégé de « Doitsu Komikku Maketto » que l’on traduit en anglais par « German Comic Market » (ou « Marché allemand de la BD » dans la langue de molière). Une référence au fameux Comiket qui est la plus grande convention anime et manga du japon.

France vs Allemagne 🇫🇷🇩🇪

Étant donné que DoKomi est à l’Allemagne, ce que Japan Expo Paris est à la France, la comparaison entre ces deux salons rivaux me paraît légitime. À commencer par la superficie. Cette année, DoKomi a gagné 2 halls supplémentaires pour un total de 130 000 m² répartis sur 6 halls principaux (7 si on compte le CCD Süd). Alors que Japan Expo en 2022, c’était 140 000 m² répartis sur 5 halls. Est-ce que c’est plus grand chez nous ? Pas vraiment si on prend en compte le fait que le hall 7 du Parc des Expos de Villepinte ne sert que pour les files d’attente.

Pour l’affluence, la comparaison me paraît moins pertinente puisque ce salon allemand, qui a gagné une journée supplémentaire par rapport à 2022, ne dure qu’une journée de moins que son homologue français. Avec 155 000 visiteurs durant les 3 jours de DoKomi 2023 (51 600 visiteurs journaliers en moyenne). Contre 254 000 visiteurs les 4 jours de Japan Expo 2022 (63 500 visiteurs par jour). Ce qui fait que la France l’emporte automatiquement côté visiteurs avec 100 000 de plus sur la totalité.

Mais pour le reste, DoKomi se distingue nettement de Japan Expo et même des salons français en général. Avec quelques atouts dans sa manche lui ajoutant une plus-value significative. Le principal étant le Nordpark déjà évoqué plus haut. Un immense et magnifique parc de 36 hectares qui, le temps d’un week-end, fut peuplé de cosplayers et de photographes profitant du décor pour des shootings photo, se balader, ou pique-niquer. Avec mes compères, nous l’avions traversé avant de rentrer dans l’enceinte du salon. Un très bon premier contact avec DoKomi, mais qui a été quelque peu compromis par une météo très nuageuse ce week-end-là.

Chose qu’on n’a pas en France, un petit livret (ayant légèrement pris l’eau pour ma part) qui fait office de guide ultra complet. Et répertoriant tout ce qu’il faut savoir sur le salon en matière de halls, d’exposants, de programmation, d’activités et autres. Celui de DoKomi est rédigé intégralement en allemand dans sa version physique. Et il l’est en anglais dans sa version numérique en PDF.

D’ailleurs, l’appli officielle est un excellent complément au livret puisqu’elle permet de localiser précisément l’emplacement d’un stand et même de l’enregistrer.

La comparaison ne s’arrêtera pas là. Mais je vais maintenant décrire hall par hall ce que j’ai vu, fait, et pensé de ce salon allemand.

Hall 1 👕

Le hall « magasin » de DoKomi avec tous les goodies classiques que l’on peut trouver dans les salons de ce genre (les mêmes qu’en France). C’était assez difficile d’y circuler à cause du monde présent. Pourtant, les allées sont larges. Et j’ai pu repérer quelques artistes professionnels que voici.

@arsfantasio

@snipsnipart

@everleaf_art

Et que serait un salon de ce genre sans son fameux stand de fruits secs ? Décidément, ils sont partout..

Et dans les étages supérieurs du hall où je n’ai pas pu y mettre les pieds cette année, on pouvait y trouver l’espace karaoké. L’espace Pen & Paper pour les jeux de plateaux. Les 4 salles de Workshop qui proposaient de multiples ateliers d’une heure ou plus pour apprendre à dessiner des mangas, faire du cosplay, réaliser des maquettes, peindre des cartes Pokémon, et tant d’autres. Ainsi que le Lucky Chocolate Maid Café, mais dont il faut s’y prendre des mois à l’avance pour avoir une place.

Hall 3 🎨

Un des plus grands halls de DoKomi en termes de superficie avec 20 000 m² à lui seul. Et intégralement dédié aux 750 artistes amateurs et jeunes créateurs regroupés ici.  Allemands pour la plupart, mais aussi avec quelques Français dans le lot. Un tout qui constitue la plus grande allée d’artistes en Europe pour une convention de ce type. Et je veux bien le croire au vu des 3h que j’ai passé dans ce hall juste à arpenter les allées.

Bien évidemment, je ne vais pas lister tout le monde. Un seul article ne suffirait même pas.  Mais voici ceux qui m’ont fait de l’œil.

Reyhan’s Artwork

@catmint_verlag

@djamilaknopf

@owakita_

@artofmandyfrank

@wylfi

@orchibald_art

@manfredrohrer

@vrenoptika

@mamorumori

@woodartjp

@mangalivepaint

@ahnitol

@roydgriffin

@skypirateprints

@yuruyuru.studio

@octogear

@vogelvrind

@sayuyuv

Rien à voir avec les artistes, mais un stand de la marque Canon était situé en plein centre du hall. J’ai profité du spot lumineux en son sein pour faire des photos pour le moins, canon. 📸

18+ Area 🔞

Entre les halls 3 et 4, la fameuse zone PEGI 18 qui à ma connaissance, est exclusive à DoKomi. Je ne connais aucun équivalent européen ou outre Atlantique à cet espace. À part peut être la Y/Con à Paris que je n’ai pas faite à ce jour, mais qui diffère beaucoup en termes de contenu et d’aménagement à ce qui paraît.

Comme son nom l’indique, cette zone était non autorisée aux mineurs. Pour y accéder, il fallait présenter sa carte d’identité au comptoir dédié. Pour ainsi récupérer le bracelet nous autorisant l’accès. De plus, les photos et vidéos y étaient interdites (sauf dans des zones très précises) pour des raisons que je comprends totalement. Ma description de cet espace ne sera donc pas illustrée.

Du coup qu’est-ce qu’on y trouve dedans ? Du contenu et du merch pour adulte, mais toujours dans le thème du salon. Des illustrations NSFW (Not Safe For Work) de la part d’artistes très connus comme @sakimi.chan. Des jouets sexuels avec des designs assez « créatifs » si je puis dire (les fans de tentacules et de furry seront servis). Des créatrices de contenu présentes sur des sites comme OnlyFans et équivalents qui vendaient des prints non censurés. Un stand pour s’essayer au shibari (l’art de la corde). Un espace jeux vidéo avec des visual novel érotiques (dont Bible Black pour ne citer que lui), ou des jeux chargés d’hémoglobine comme Doom.

En tout cas, ce n’est pas le genre de contenu que j’avais l’habitude de voir dans ce type de salon. Surtout en France où je n’imagine pas ça arriver de sitôt sans que ça ne fasse polémique d’une manière ou d’une autre. Même avec toutes les barrières, restrictions d’âge, et sécurité mise en place. Là pour le coup, j’ai pris ce choc des (cul)tures de plein fouet.

Hall 4 🎭

La Fashion Area du salon. Avec tout le stuff dédié à la mode, accessoires cosplays, et stands photo.

@tinkercast.official

@cosboxstudios

Une particularité que j’ai retrouvée dans pas mal de halls à DoKomi, de nombreuses voitures avec un habillage « manga » sur la carrosserie. Une pratique connue sous le nom d’Itasha et qui visiblement est très répandue en Allemagne.

Puisqu’on parle du hall cosplays, en voici quelques-uns que j’ai croisés.

Doflamingo : @x_dracule_x – Link : @sunfaeriee – Duo Boulieh : @cadenceofhyrule

Groupe Hunter X Hunter

Un rassemblement de cosplayeurs d’univers multiples dans le parc (cliquez pour la voir en grand format).

Et la vidéo de REZATA qui en montre un large aperçu.

Hall 5 🎮

Le hall gaming où je suis passé assez rapidement. Que j’aime appeler « petite Gamescom » en référence au salon du jeux vidéo allemand se déroulant à Cologne pas très loin de Düsseldorf.

L’espace rétrogaming et arcade de Retro Wave Arcade.

La scène Smash Contest dédiée aux tournois sur Smash Ultimate avec de nombreux setups.

L’espace Nintendo avec Zelda Tears of the Kingdom (que je viens tout juste de finir).

Le jeu mobile Pikmin Bloom, et une démo de Pikmin 4 qui sort à la fin du mois.

L’espace Genshin Impact.

Hall 7 📦

Chose qui n’existe quasiment plus dans les salons français de nos jours, la présence d’un Dépot-Vente (Bring & Buy) dans le hall 7 de DoKomi. Le principe est aussi simple que le nom le laisse suggérer. On ramène un bien que l’on souhaite vendre au sein de ce dépôt. Ça peut être des mangas, DVD, jeux vidéos, figurines, et autres objets liés à la pop culture. Et une fois le prix fixé, c’est prêt à la vente. Du moins, si vente il y a. Auquel cas, il faudra récupérer l’objet. Et pas besoin que le vendeur reste sur place en attendant que la transaction se fasse. Puisque ce seront les bénévoles qui s’en occuperont. J’imagine que c’est le genre de chose où il faut s’y prendre assez tôt dès l’ouverture.

Hall 9 🎤

La Black Stage où je n’étais que de passage, qui abrite la grande scène du salon. C’est là qu’a lieu les évènements majeurs avec entre autres les concours cosplays, et la J-Rave le samedi soir à laquelle je n’ai pas assisté. Un concert de 4h où de multiples DJ se seront relayés pour enflammer la scène avec du son électro. Si je reviens à DoKomi, je me laisserai peut-être tenter par l’expérience.

CCD Süd 🎲

Le CCD pour « Congress Center Düsseldorf », est une zone à part au sein de DoKomi. Et que j’ai eu un peu de mal à trouver, car je la pensais accessible directement depuis le hall 3, car les deux apparaissaient collés sur le plan. Alors qu’en réalité, il était accessible soit via une passerelle depuis le hall 1, soit depuis la cour extérieure à gauche de ce même hall.

Loin de l’effervescence, le brouhaha, et l’affluence des halls principaux, ici l’ambiance y est beaucoup plus silencieuse et posée. On y trouve une exception allemande qu’est la présence d’une salle pour regarder des AMV (Anime Music Video). Quelques associations comme @brickzlabofficial et leurs LEGO ci-dessus.

Des petites activités telles que du tir sur cibles un peu comme dans une kermesse. Et divers ateliers comme de l’origami.

La salle Live Stage, un amphithéâtre plutôt classe où se tenait divers shows, concerts de VTubers, interviews, tournois, et etc. Le seul panel auquel j’aurais assisté était un défilé cosplay / gatcha sur Genshin Impact. Le programme de la salle était retransmis en simultané sur la chaine Twitch de DoKomi.

Et on m’avait rapporté qu’une salle très spéciale était absente du CCD Süd cette année pour cause de travaux. Il s’agit de la Matinée. Une salle de bal qui d’ordinaire, accueille des cours de chant ou de danse. Pour DoKomi, l’évènement phare qui s’y déroulait était le Cosplayball. Qui, comme son nom le suggère, est un bal cosplay se déroulant le soir après la convention. Et avec pour devise « tenue correcte exigée ».

Je paierais cher pour voir quelque chose de similaire en France. Une sorte de boite de nuit ou soirée réservée uniquement aux personnes en cosplay. Pas de risque de se faire recaler pour rien au moins (oui, c’est le vécu qui parle).

Pactole

Pour résumer cette vue d’ensemble de mon pactole de DoKomi, c’est très simple. Les achats sont au milieu. Et les cadeaux sont tout autour. Avec le livret dont j’ai déjà parlé, et juste au-dessus, mon pass Presse qui m’a permis de rentrer dans l’enceinte du salon.

Pour les cadeaux, deux badges Nintendo offerts en s’enregistrant via son compte My Nintendo. L’impression de ma photo au stand Canon. Et un rubis argenté imprimé en 3D, qui m’a été gracieusement offert par les cosplayeuses de Boulieh vus plus haut.

Concernant les achats, d’abord cette illustration de @roydgriffin sur la saga Super Smash Bros.

Et le meilleur pour la fin, le combat final de Zelda Majora’s Mask illustré avec brio par @vogelvrind.

Conclusion

Ce n’était pas ma première convention à l’étranger ni ma première en Allemagne. Mais je peux déjà dire que ce premier DoKomi que j’aurais fait ne sera pas mon dernier. À ce jour, ce salon figure d’ores et déjà dans mon top 3 des meilleurs que j’ai pu faire ces 14 dernières années.

Globalement, l’ambiance y était chaleureuse et très festive. Surtout dans la cour extérieure où ça dansait à toute heure. Les halls étaient immenses, bien remplis, et intelligemment répartis avec un thème propre à chacun. Mention spéciale au hall 3 des artistes, et à l’espace PEGI 18 qui vaut vraiment le coup d’œil. Son parc floral aussi grand que magnifique, et peuplé par des cosplays de qualité. Et un tas de nouvelles rencontres et retrouvailles qui font toujours plaisir. Surtout pour une convention en dehors de la France. D’ailleurs, on a beaucoup à apprendre d’eux sur bien des aspects.

Pour les points négatifs, la bouffe extérieure qui y fut très moyenne et chère pour ce que ça valait (je me suis tapé le pire ramen de ma vie). Une circulation assez difficile dans les halls de manière générale à cause du monde présent samedi et dimanche. Et de ce que j’ai pu lire et entendre, des incidents assez graves survenus pendant le salon.  Avec des artistes qui se sont fait dépouiller de tout leur argent. D’autres qui se sont fait droguer à leur insu par de la nourriture offerte par des visiteurs ou des individus se faisant passer pour des membres du staff. Des vols de voitures. Ou des agressions de la part de groupes « d’extrême droite allemande » pour le dire ainsi. Ce genre d’incidents n’est pas spécifique qu’à DoKomi. Mais c’est pas pour autant qu’il faut le passer sous silence. Ne serait-ce que pour la sécurité de tous.

En espérant que ces problèmes soient pris en compte pour les prochaines éditions. D’ici là, mes salutations à celles et ceux avec qui j’ai interagi, voyagé, et séjourné durant ce week-end en Allemagne qui m’aura fait le plus grand bien. Et mon mot de la fin sera le suivant en allemand : Danke (Merci) !