Il y a tout juste 5 ans le 1er Décembre 2017 sortait Xenoblade Chronicles 2 sur Switch. Faisant « suite » au premier opus sur Wii, lui-même ressorti sur l’hybride de Nintendo en 2020 et dont j’avais déjà parlé de sa majestueuse bande-originale.
Celle-ci aura été composée par Yasunori Mitsuda, ainsi que quelques habitués de la saga tels que Kenji Hiramatsu, Manami Kiyota, ACE, et la chorale de chambre Irlandaise ANÙNA. Voici ma sélection musicale d’une quinzaine de morceaux parmi ceux m’ayant le plus marqué d’une OST qui d’emblée, s’assoit à la table des jeux Xeno et même des plus grands du genre.
Sélection
Battle!! /Torna – Kenji Hiramatsu
Mais avant de parler des musiques du jeu d’origine, un bond de 500 ans dans le passé du monde d’Alrest s’impose via l’extension Torna ~ The Golden Country. Une époque où apparemment ça écoutait du jazz si j’en crois la composition du très entraînant thème de combat classique. Avec ses pianos et ses tambours tout droit sortis d’un cabaret dédié. Je dois avouer que la première fois que j’ai entendu ce thème en plein affrontement, ça m’a surpris mais agréablement. D’autant plus que ce n’est pas un genre musical ultra répandu dans les jeux vidéos. Et encore moins en tant que musique de combat.
The Awakening – Kenji Hiramatsu
Quoi de plus approprié pour réellement démarrer cette sélection qu’un morceau que l’on peut traduire par « éveil » ? Une musique que je trouve assez sous-côté mais me procurant systématiquement des frissons. Surtout durant les premières secondes avec des violons frénétiques comme pour marquer un début d’élévation. Suivi de l’envol musical avec la fanfare marquant la renaissance de Rex en tant que pilote d’Aegis, et du réveil de Pyra après un sommeil qui aura duré des siècles. Les premiers pas d’un duo prêt à faire face à Malos et à tous les dangers d’Alrest.
Gormott – ACE
C’est désormais une tradition. Chaque opus Xenoblade a son morceau « signature » caractéristique de la première grande zone ouverte du jeu que l’on sera amenés à parcourir. Celui qui nous donne à la fois envie de partir à l’aventure sans jamais se retourner, et de danser à un rythme endiablé. Le tout pendant que l’on explore une plaine verdoyante peuplée de créatures souvent pacifiques, parfois mortelles. Comme ces éternels Godrills au niveau bien trop élevé pour les joueurs débutants, et qui gifleront à mort tous ceux qui auraient l’audace ou la malchance de les approcher.
Dans le premier opus, c’était le thème mythique de Gaur Plains qui pour moi est encore inégalé dans le genre. Celui du titan Gormott se pose comme son digne héritier. Certes moins impactant, mais loin d’être mauvais pour autant. On y retrouve la même énergie, les mêmes percussions, mais se démarque par la présence de vocalises à partir de 3:40 lui donnant un côté presque divin.
Et sans oublier sa version dans Torna qui a été remixée dans une sonorité plus jazz pour faire « à l’ancienne » comme pour le thème de combat dont j’ai parlé plus haut. En se payant le luxe d’avoir un magnifique solo de saxophone.
Uraya – Kenji Hiramatsu
L’environnement du titan Uraya est sans conteste l’un des plus incroyables qu’il m’ait été donné de voir dans un Xenoblade et peut-être même dans un jeu vidéo. Un lieu mystique, immense, phosphorescent, et surtout d’une beauté sidérante. Comme si ce lieu sortait tout droit d’un conte. Le premier qui me vient en tête étant Pinocchio. Ce qui a du sens vu que le titan ressemble à s’y méprendre à une Baleine et qu’on y évolue en son sein.
Mais le plus magnifique reste sa musique s’envolant vers les cieux vers 1:44. Musique qui doit l’essentiel de sa composition à sa flûte enchanteresse qui avec du recul, fait fortement penser à Xenoblade Chronicles 3. D’autant plus que dans le tout premier trailer de ce dernier, on y voit Noah jouer de la flûte devant la carcasse d’Uraya. Coïncidence ? Il n’y a qu’un pas.
Mor Ardain – Kenji Hiramatsu
Un de mes morceaux préférés de toute l’OST. Dégageant une telle énergie qu’il aurait pu être une parfaite musique de boss. Alors qu’il s’agit d’un thème de désert. Celui de Mor Ardain dans le cas présent. Gouverné par l’Empire du même nom, et dont le titan vieillissant semble être proche de sa fin. Ce qui explique le climat aride et chaud qui y règne.
Comme dirait l’autre, un « banger » absolu qui plafonne à 2 millions de vues sur YouTube à l’heure où j’écris ces lignes. Ce qui veut tout dire. Les trompettes et les violons donnent toute la puissance à ce morceau. Un peu comme un hymne mais en plus rythmé. Donnant un ton héroïque et militaire qui sied bien au contexte de la zone. Et c’est un morceau qui par moments reprend une mélodie très similaire à un grand classique d’un certain Michael Jackson. Le premier d’entre-eux étant joué de 0:11 à 0:13.
Tantal – ACE
Une région désertique associée à une musique énergique. Deux points communs que la région de Tantal partage avec Mor Ardain dont j’ai parlé juste avant. Mais dans le cas présent, il s’agit d’un territoire enneigé. Et ce thème est probablement l’un des plus incroyables du genre qu’il m’ait été donné d’écouter dans un jeu vidéo. Avec des violons frénétiques qui ne font qu’un avec les chœurs, et quelques sons de cloches qu’on entend en fond pour rappeler qu’on est en plein hiver (et à quelques jours de Noël accessoirement).
Je n’arrive pas à départager sa version de jour avec celle de nuit qui est tout aussi exceptionnelle. Aussi tranquille que mélancolique, et conservant la même mélodie avec cette guitare qui accompagne le tout. En tout cas jusqu’à mon moment préféré à 2:09 qui semble suspendu dans le temps. Et où le solo de piano fait le reste.
Shadow of the Lowlands – ANÙNA & Yasunori Mitsuda
De tous les morceaux interprétés par ANÙNA dans cette OST, celle-ci est ma favorite. On reste sur la région de Tantal mais dans un cadre plus intimiste et religieux. Avec la voix apaisante de Dónal Kearney et du reste du groupe. Chantant en chœurs l’espoir de revoir la lumière et triompher de l’adversité.
You Will Recall Your Names – Kenji Hiramatsu
Que dire de plus si ce n’est qu’il s’agit de la version 2017 de « You Will Know Our Names « . À la différence qu’ACE n’aura pas composé ce morceau comme c’était le cas dans le premier jeu. Ça reste néanmoins un classique instantané qui donne autant de pêche et de courage que son aîné. Et il semblerait que la boucle soit bouclée car XC3 a eu droit à sa propre version nommée sobrement « You Will Know Our Names – Finale ».
Drifting Soul – ACE & Jen Bird
Second morceau le plus populaire du jeu avec plus de 3 millions de vues. Chanté par la voix enivrante de Jen Bird, et figurant parmi les plus émouvants de cette bande-son. On l’entend à certains moments charnières du jeu. Le plus marquant étant le sacrifice de Vandham durant l’incroyable cinématique du chapitre 3. Qui sauva Rex et ses alliés d’une mort certaine. Dans les paroles de la chanson, il est question pour une « âme à la dérive » de persévérer et trouver sa place dans ce monde.
Counterattack – Kenji Hiramatsu
Issu lui aussi de cette fameuse cinématique dont j’ai parlé plus haut. Et qui à l’écoute, fait immédiatement penser à l’un des morceaux les plus iconiques de XC1 qu’est Engage the Enemy. On y retrouve certaines mélodies similaires notamment à 0:55, ainsi que les mêmes instruments majeurs tels que les pianos, et guitares électriques pour garder l’aspect rock’n roll indispensable pour un thème de cette trempe. L’un des tous meilleurs morceaux du jeu et des plus populaires qui cumule à 4,5 millions de vues sur YouTube à l’heure actuelle.
Pourtant, tout oppose ces deux musiques. Engage the Enemy demeurait plus sombre et plus tragique. Alors que Counterattack est plus lumineux et synonyme d’espoir. Comme pour dire que malgré les difficultés, rien n’est encore perdu et il faut aller de l’avant. D’ailleurs la première fois qu’on l’entend est lors de l’éveil de Mythra dans le chapitre 3. Sauvant la mise à un Rex acculé par Malos et Akhos.
The Power of Jin – Yasunori Mitsuda
Pour quelqu’un d’aussi charismatique et puissant que Jin (qui pour rappel avait « tué » Rex très tôt dans le jeu), on aurait pu s’attendre à une musique très énergique au rythme effréné. C’est tout le contraire. De par la complexité du personnage et son triste vécu conté dans Torna, on ressent à travers cette mélodie un mélange de détermination illustré par les fanfares, et surtout de tristesse accentuée par les pianos et violons. Comme si Jin par cet ultime combat, voulait mettre fin à ses propres souffrances qui durent depuis des siècles.
Peut-être l’une des rares fois dans un jeu vidéo où j’étais triste de battre un boss. Et aussi soulagé d’une certaine manière car ce combat fut pour moi l’un des plus difficiles de tout jeu. Même face au boss de fin j’aurai moins galéré.
Morytha – ACE
Est-ce que XC2 est un JRPG dans un univers fantasy au ton plutôt léger ? Ou un jeu d’horreur post-apocalyptique ? C’est la question que je me suis posé quand j’ai atterri pour la première fois à Morytha. Avec cette mélodie aussi douce qu’inquiétante dans les oreilles qui doit l’essentiel de son atmosphère à son violon tremblotant. Cette ville fantôme situé au fin fond de la mer de nuages où la nuit y est perpétuelle, et étant les ruines d’une civilisation très similaire à la nôtre. Avec des routes, des passages piétons, des immeubles, et même des humains ou du moins ce qu’il en reste. Ça m’a rappelé les jeux Horizon qui se déroulent eux aussi dans les vestiges de notre civilisation moderne plusieurs siècles après.
Le genre de morceau et surtout de lieu nous faisant porter un tout autre regard à cet opus. En nous faisant plonger littéralement dans les plus profonds secrets d’Alrest. Et ça ne s’arrête pas là.
Yggdrasil / World Tree – Yasunori Mitsuda
Absolument rien n’avait pu me préparer à ce que j’allais voir et entendre dans cet Arbre-Monde. Pas même l’exploration de la ville fantôme de Morytha juste avant, et qui avait pourtant déjà changé radicalement ma vision du jeu.
Ce que j’ai pensé être un arbre gargantuesque tel qu’il est représenté sur la couverture du jeu, est en réalité bien plus que ça. Car abritant en son sein une technologie étonnamment avancé par rapport au monde d’Alrest qu’il surplombe. Et la musique le retranscrit à merveille avec un début en chœurs pour rappeler le caractère mystique du lieu, et quelques sonorités électroniques et rock’n roll pour l’aspect moderne. Et la cerise sur le gâteau étant les révélations de dingues qui surviennent dans cette partie finale du jeu. Déconstruisant toute la mythologie que nous joueurs, ainsi que les protagonistes, s’étaient tous imaginés. Et ça c’est fantastique.
The Decision – Yasunori Mitsuda
Si j’ai placé ce morceau dans ma sélection, ce n’est pas seulement par sa qualité et par le fait qu’il donne l’impression qu’il va falloir s’attendre au pire. C’est avant tout parce qu’on l’entend durant la cinématique la plus importante de toute la saga et qui sert d’introduction au dixième et ultime chapitre du jeu. Une cinématique reprenant quelques passages qui seront très familiers à ceux ayant joué au premier opus. Et faisant le lien avec ce second volet de la plus belle des manières. À peine j’avais eu le temps de me remettre des révélations sur Morytha et l’Arbre-Monde que le jeu en rajoute une triple couche avec ni plus ni moins la raison de l’existence même des univers de XC1 et XC2. Un morceau qui porte bien son nom car décisif, et survenant à un moment lui aussi décisif.
After Despair and Hope – Kenji Hiramatsu
Est-ce le meilleur thème de boss de fin tous jeux Xenoblade confondus (même en comptant XC3) ? Pour moi ça ne fait aucun doute. Un feu d’artifice musical commençant réellement à 1:10 pour ne plus jamais s’arrêter, et regroupant l’essentiel des instruments et sonorités phares de la bande originale du jeu. Pianos, trompettes, chœurs, guitares électriques et j’en oublie certainement.
Un morceau d’autant plus important car tout comme The Decision, il est lié au premier opus. Car ce combat de Rex vs Malos à Alrest, se déroule au même moment que celui de Shulk vs Zanza sur Bionis.
One last you – Yasunori Mitsuda & Jen Bird
Et je termine cette sélection avec le tout dernier morceau qu’on entendra avant les crédits de fin.
Vous savez, il y a ces moments dans la vie où après avoir vécu une longue et belle aventure avec des individus auxquels on s’est fortement attachés, vient l’inévitable moment des adieux. Ces moments sont souvent déchirants. Et c’est exactement ce que j’ai ressenti à l’écoute de ce morceau. Chanté à nouveau par Jen Bird durant la cinématique finale. Et qui fut déchirante à son tour. Car j’ai dû dire au revoir à tous ces personnages hauts en couleurs qui m’ont accompagné durant cette centaine d’heures de jeu, et fait passer des moments inoubliables.
Et c’est un morceau qui prend un tout autre sens après avoir fini XC3. D’une part car les paroles s’appliquent totalement au destin de Noah et Mio. Et d’autre part avec certaines lignes qui font écho à ce dernier jeu. Notamment à 1:12 quand la chanteuse dit « The frozen time began to flow » qui se traduit par « Le temps figé commence à s’écouler ». Je n’en dirais pas plus pour ne pas spoiler, mais ceux qui ont fini le dernier opus savent où je veux en venir.
En définitive, un chef d’œuvre musical qui a le don de m’émouvoir à chaque écoute même 5 ans après.
Conclusion
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C’était déjà très difficile de départager les musiques pour le premier opus. Ce fut encore pire pour XC2. Car non seulement sa bande-son est beaucoup plus généreuse avec 126 pistes réparties sur 6 CD et pour une durée totale avoisinant les 8h. Et en plus de ça, elle demeure aussi qualitative que son prédécesseur si ce n’est plus. Qu’il s’agisse des musiques de combats, d’environnements, de cinématiques, chantées et j’en passe, c’est ce qu’on appelle dans le milieu une « masterclass ». Je ne comprends pas qu’il n’ait jamais été nominé dans la catégorie « meilleure bande-son » dans un Game Awards ou équivalents.
J’ai quand même envie de placer quelques mentions honorables comme le thème du village de Torigoth très joyeux. L’archipel céleste de Leftheria respirant la tranquillité absolue. Le menu des Missions Mercenaires peu populaire mais que je trouve très motivant. Le très mélancolique Elysium in the Dream qui a été réutilisé tel quel dans XC3. Et The Tomorrow With You qui pour moi est comparable à One last you en termes d’émotions.
À toutes les personnes qui ont participé de près ou de loin à cette composition, bravo et surtout merci.